KATJA NOVITSKOVA
° 1984
Né à Estonia, vit à Amsterdam (Netherlands).
Katja Novitskova raconte avoir contemplé le ciel de sa fenêtre d’une tour d’habitations dans une banlieue de Tallinn, où les habitants se sentaient accablés par le jugement négatif porté sur eux. À l’instar des étoiles dans son télescope, ces « russophones » n’appartenaient pas vraiment au lieu où ils avaient atterri ; ils n’apparaissaient plus aux autres comme ils s’imaginaient être, ou peut-être n’étaient-ils pas encore ce qu’ils pourraient toujours devenir. Ayant vécu la politisation de l’identité en Estonie dans les années 90, Novitskova a cherché des issues, qui étaient, inéluctablement, des ouvertures aussi : la sémiotique, le graphisme, et le savoir plus douteux, mais plus efficace aussi, acquis par une personne qui se sert de l’Internet pour devenir artiste.
Manuel de survie post-Internet, 2010 est organisé en chapitres selon la première page de résultats obtenus suite à une recherche sur Google des mots « manuel de survie » : JAUGEZ LA SITUATION, UTILISEZ TOUS VOS SENS, SOUVENEZ-VOUS OÙ VOUS ÊTES, APPRÉCIEZ LA VIE, IMPROVISEZ, VAINQUEZ LA PEUR ET LA PANIQUE, AGISSEZ COMME LES LOCAUX, APPRENEZ LES APTITUDES DE BASE. Un manifeste aussi valable qu’un autre, avec pour plus-value d’être un « objet trouvé ». Le livre qui a valu à Novitskova sa réputation d’« indigène numérique » sophistiquée mérite d’être pris au pied de la lettre en tant qu’introduction à la vie contemporaine.
Il serait simpliste de présumer que l’art post-Internet (un terme que son livre a contribué à lancer) imagine sérieusement occuper l’« après » qu’on retrouve dans le titre de cette exposition. L’œuvre de Novitskova est toutefois marquée par un intérêt soutenu pour tout ce qui est organique et pour les divers domaines de la nature. Pour sa série continue de sculptures découpées, elle puise d’abord des images de l’Internet qu’elle fait ensuite imprimer et monter sur aluminium. (AK)