Edward & Nancy Kienholz Documentation
1971-1972
Miscellaneum, closed: 6.4 x 26.7 x 29.2 cm, open: 5.1 x 57.8 x 29.2 cm.
Materials:
Collection: Courtesy Edward Kienholz, L.A. Louver Gallery.
Edward et Nancy Kienholz créent ensemble des installations, des assemblages et des environnements troublants : des personnages grandeur nature dans un cadre reconnaissable, entourés d’objets banals et adoptant une pose silencieuse caractéristique. Leur œuvre est un commentaire féroce sur le racisme, les stéréotypes sexuels, la pauvreté, la cupidité, la corruption, l’impérialisme, le patriotisme, la religion, l’aliénation et – surtout – l’hypocrisie morale.
En 1972, Harald Szeeman a invité Edward Kienholz à participer à documenta 5 (une exposition prestigieuse et très en vue, qui se déroule tous les cinq ans à Kassel, en Allemagne) où l’installation Five Car Stud a été montrée pour la première fois : neuf personnages grandeur nature, cinq voitures dans une atmosphère nocturne difficile à soutenir.
L’installation se compose d’un cercle formé par des hommes blancs, masqués, éclairés par les phares des voitures environnantes, qui immobilisent un homme noir, le clouent au sol et s’apprêtent à le castrer. Dans deux des voitures, un enfant blanc – l’enfant d’un des assaillants – et une femme blanche – la compagne de la victime – assistent impuissants et désemparés à la scène. Five Car Stud est un coup de massue intemporel, une condamnation de la suprématie blanche et de la violence raciste.
Après documenta, l’installation disparaît dans une collection muséale japonaise. En 2008, Nancy Reddin, la femme et collaboratrice d’Edward Kienholz, a entamé la restauration totale de Five Car Stud au Kienholz Studio à Hope, Idaho. L’installation a ensuite été à nouveau exposée au Los Angeles County Museum of Art à Los Angeles (2011-2012), au Louisiana Museum of Modern Art au Danemark (2012) et à la fondation Prada à Milan (2016-2017) qui l’a acquise pour sa collection.
Dans l’exposition Sanguine/Bloedrood l’œuvre est présentée comme à documenta il y a 46 ans, en dehors de l’exposition elle-même et dans l’obscurité d’un grand dôme.
La réalisation de cette œuvre légendaire a pris trois ans, durant lesquels Edward Kienholz a rédigé un compte rendu minutieux du processus de création artistique. Dans un document tapé à la machine, tous les composants de l’installation sont décrits en détail. Kienholz énonce par ailleurs les conséquences socio-politiques que l’œuvre pourrait provoquer selon lui. Quelques objets liés à la documentation de cette œuvre sont inclus dans l’exposition.
