M HKA Ensembles

Installation, 220 x 240 cm.

Collection: M HKA, Antwerp (Inv. no. BK5585_M62).

Blütenstaub von haselnuss (Tapis en pollen de noisetier) de Wolfgang Laib se compose effectivement de pollen de noisetier, que l’artiste répand directement sur une forme rectangulaire posée par terre. Laib récolte ce pollen dans l’environnement de son atelier, d’où il a vue sur les champs et les bois qui l’entourent. À travers cette activité, la vie et l’œuvre de l’artiste sont étroitement liées au paysage dans lequel il vit et travaille. Pour Laib, la nature ne fait pas seulement office de source d’inspiration, mais de matériau aussi. Qui plus est, il est contraint de suivre le rythme de la nature, parce que la récolte de pollen est saisonnière. L’activité physique occupe une place importante dans son œuvre : il faut recueillir le pollen fleur par fleur, le nettoyer, le filtrer et le conserver avec infiniment de précautions pour sauvegarder sa pureté, sa vitalité et son intégrité. L’installation effective d’une exposition n’est qu’une phase dans une série d’activités qui se succèdent, constituant une sorte de cycle infini : la récolte et la préparation du pollen, l’installation et la récupération du matériau après une exposition, afin de pouvoir le réutiliser. (L’œuvre n’est donc pas conservée en tant qu’œuvre.) Lors d’une exposition, il faut régulièrement redonner forme au champ du pollen qui se répand. Ni cette opération, ni l’installation de l’œuvre ne doivent nécessairement être réalisées par l’artiste. N’importe qui peut répandre le pollen: le fait de le filtrer à travers un passe-thé empêche toute empreinte personnelle. Il en va de même pour la forme, qui est universelle : un simple rectangle, sans délimitation nette. La surface jaune semble s’étendre vers un horizon lointain. Elle dégage un sentiment d’infinité, mais aussi de désir, d’harmonie et de paix. L’œuvre de Laib ne symbolise pas de réalité ou d’essence spirituelle, ce sont plutôt les formes et les éléments qui incarnent la présence de cette réalité. Les œuvres recèlent en outre une haute valeur esthétique. L’extrême légèreté du pollen le rend très volatile. Posée si bas, sans protection, l’œuvre présente une grande fragilité, qui en fait cependant partie intégrante: elle force le spectateur à une approche prudente, tant physique que spirituelle.