Studiekop
1618
Peinture, 37 x 40 cm, 65 x 56 x 5.5 cm.
Materials: oil on panel
Collection: Koninklijk Museum voor Schone Kunsten, Antwerpen.
Le profil d’un homme aux traits anguleux, dont la nuque nous fait face. Il ne s’agit pas d’un portrait classique, mais d’une étude de tête ou tronie (ou « trognes », désigne un genre spécifique d’études de tête expressive). Le coup de pinceau est efficace et témoigne d’une faculté d’observation précise et de raffinement. Regardez attentivement les nuances subtiles de gris, d’ocre et de brun. Des couches de peinture transparentes alternent avec des parties opaques et des accents qui réfléchissent la lumière.
Pour Van Dyck, ce n’est pas l’identité du modèle qui importe, mais la pose et le jeu de la lumière sur le visage et les muscles du cou. Le point de vue inhabituel à partir duquel nous regardons l’homme – en profil perdu – lui confère un caractère mystérieux et intemporel. À l’origine, les tronies (des études de têtes, tronie signifiant « trogne » en néerlandais) n’étaient pas peintes pour un public ou un acquéreur – il s’agissait en premier lieu d’un exercice pour parvenir au résultat final recherché –, mais les amateurs d’art et marchands ont rapidement apprécié le genre.
Van Dyck réalise cette étude vers 1618-1620, alors qu’il travaille en tant que jeune artiste dans l’atelier de Pierre Paul Rubens. Cette tronie constitue l’étude de la pose d’un personnage agenouillé qui offre au Christ une tige de roseau en guise de crosse, en bas à droite du tableau Le Couronnement d’épines (Madrid, Musée du Prado) et sur un Couronnement d’épines qui appartenait à la Gemäldegalerie à Berlin, mais n’a pas survécu à la Seconde Guerre mondiale. Le personnage sur grand format est cependant torse nu et porte un bandeau autour de la tête. Pour s’exercer à restituer la pose des autres personnages de ces deux tableaux, Van Dyck a réalisé plusieurs autres tronies.
Texte: Nico Van Hout, 2018