Still some cream on the screen
Event
M HKA, Antwerpen
19 February 2016 - 29 May 2016
Vaast Colson (°1977, Kapellen) ne recule pas devant les grandes questions à propos de la place et du rôle de l’artiste dans la société. L’œuvre de Colson est d’une subjectivité sans vergogne et tend souvent à l’absurde. Parallèlement, il interroge sans relâche la relation avec le public et le mythe, authentique ou pas, de l’existence de l’artiste. Colson invite souvent des confrères artistes à concevoir conjointement des actions, à y participer ou à produire collectivement des œuvres.
L’œuvre de Colson témoigne, d’une part, de mélancolie festive et de plaisir candide, et d’autre part, d’enthousiasme et d’ardeur. Son assiduité lui fait d’ailleurs parfois atteindre les limites de l’endurance. Ainsi, il attend des heures dans un café que la giclure de peinture qu’il a fait jaillir d’un tube soit sèche, tandis que tout ce temps, une équipe de tournage attend, piaffant d’impatience, qu’il se produise quelque chose.
Exposer l’atelier
« J’ai l’intention », explique Vaast Colson, « de transposer une partie de mon atelier au M HKA et de montrer les œuvres de manière différente que d’habitude dans une exposition. J’appartiens à une génération d’artistes pour qui la présentation est importante en soi, elle est quasi un substitut à l’œuvre elle-même. »
La décision de Colson de déménager son atelier au musée comporte au moins trois strates de signification. En premier lieu, il souhaite offrir au visiteur une occasion unique d’assister aux premières loges, grâce à la présence de l’artiste, à la « réactivation » des objets. En deuxième lieu, il procède à une étude critique de l’institution dans laquelle tout se déroule, partant de la définition classique d’un musée (acquisition, conservation, analyse, exposition). En troisième lieu, et cela renvoie à l’artiste lui-même, Colson saisit l’occasion exceptionnelle qui lui est donnée pour accomplir, dans un espace aménagé en bureau, ce que nous aimerions tous un jour faire avec le fatras que nous avons accumulé. L’artiste désire se délester de tous les projets qu’il a un jour envisagés. Il veut en faire table rase. Le processus d’exposition d’un atelier et de documentation des objets, œuvres et archives qui en proviennent ne mène sans doute pas à des réponses, mais soulèvera très certainement des questions intéressantes.
Collectionneur
Vaast Colson est en quelque sorte un collectionneur : il conserve des verres à whisky, des mobiles abîmés et des lunettes de soleil extravagantes. Sa collection s’accroît spontanément, mais n’émane pas tant d’une passion de collectionneur pour la quête que de la recherche d’un artiste explorant les formes et significations qui stimulent le processus créatif. Colson collectionne des jouets et autres objets insignifiants achetés parce qu’ils lui rappelaient quelque chose. « Ils traînent parfois des années ici, mais recèlent une certaine qualité indéfinie, comme le paquet de pailles pour boissons d’enfants, qui peuvent être combinées de différentes manières (Build Yourself a Straw). Elles sont restées très longtemps dans mon atelier jusqu’à ce que je prenne soudain conscience qu’elles m’ont inspiré une installation récente à La Haye. On explique difficilement la façon dont certaines choses s’insinuent dans l’inconscient. » Un panneau parsemé de punaises colorées était longtemps accroché dans son atelier à côté de boîtes remplies de CD, de vieilles cassettes et de plusieurs guitares. « Comme s’il s’agissait d’un projet de future œuvre », raconte Colson en riant, « qui analyse d’importants positionnements dans un jeu de billard. »
Bibliothèque
« J’ai toujours rêvé de rendre ma bibliothèque accessible au public. Par nature, les bibliothèques insufflent vie aux livres. » La bibliothèque de Colson consacrée à l’art et aux artistes est soigneusement rangée par ordre alphabétique. L’artiste a l’intention d’établir une liste de tous ces livres. « J’ai aussi voulu le faire pour mes CD, mais j’ai finalement renoncé. C’est précisément ce que je veux faire au musée maintenant. »
Activer
À plusieurs moments, Vaast Colson compte activer des œuvres de l’exposition. Dans Pop Pop Fizz Fizz, Colson tente de faire sauter des bouchons de champagne trempés dans de la peinture contre des cymbales fixées au mur. Quelqu’un enregistre les coups réussis. Les bouteilles utilisées restent posées sur un support. Pour Roy Sculpture, Colson a transformé un secrétaire de ses grands-parents en juke-box Roy Orbison. Tout le monde peut échanger un disque de Roy Orbison contre un dessin de l’artiste. Colson espère réunir de la sorte tous les disques que Roy Orbison a enregistrés.
Inspiré d’un texte de Radmila Iva Janković