Hugo Roelandt — La fin est un nouveau départ

Event

M HKA, Antwerp

14 February 2025 - 25 May 2025

HUGO ROELANDT
La fin est un nouveau départ
 

Hugo Roelandt (Alost, 1950 – Anvers, 2015) est un artiste polyvalent, dont la pratique a englobé la performance, l’installation et la photographie. Devenu une figure de proue de l’avant-garde d’après-guerre à Anvers à partir du milieu des années 1970 et avec une carrière entamée au centre d’art New Reform à Alost, réputée pour sa focalisation sur la performance et des projets multimédia, Roelandt émerge comme pionnier éminent de l’art de la performance. Personnalité influente au sein de la communauté artistique, Roelandt est aussi cofondateur (avec Annie Gentils) de l’espace d’art alternatif radical Montevideo ouvert à Anvers en 1981, et professeur non conformiste au département de photographie de l’Académie royale des Beaux-Arts d’Anvers (1991-2010).

Roelandt ne s’est toutefois pas limité à un seul genre ou style artistique. Ses performances, ses séries photographiques et ses interventions dans l’espace public se caractérisent par leur nature diverse et parfois contradictoire. Ses multiples collaborations avec des artistes, des musiciens, des linguistes et des scientifiques, dont Anne-Mie Van Kerckhoven, Narcisse Tordoir, Ria Pacquée, Guillaume Bijl, Luc Steels, Danny Devos, et son collaborateur de longue date, Marc Holthof, entre autres, contrastent avec sa vaste série d’autoportraits et constitue la preuve de son approche protéiforme. Bien qu’on l’identifie surtout à un artiste de la performance, il a porté un regard critique sur sa nature évolutive.

C’est au cours des années 1970 que l’œuvre de Roelandt évolue de la photographie à la performance. Formé à l’origine en tant que photographe, il réalise de nombreux autoportraits, notamment sa série Feelings (1974), où il adopte des expressions faciales extravagantes devant l’objectif. L’importance de ces œuvres ne réside pas seulement dans les images de l’artiste, mais aussi dans l’utilisation faite du corps en tant qu’instrument pour les réaliser. La représentation est un thème récurrent dans la philosophie de Roelandt. Au début de sa carrière, il affiche un mépris pour ce qu’il appelait la « Photo Photo », qu’il associe à des représentations exagérément sérieuses et éculées qui privilégient l’esthétique plutôt que l’expérimentation. Il a souvent déclaré que ses œuvres ne représentent rien, qu’elles ne sont ni narratives, ni des représentations réalistes du monde.

Au cours des années 1980, Roelandt commence à développer ce qu’il a appelé la « post-performance ». Cette phase marque l’abandon de la performance active au profit de projets conceptuels impliquant des machines et des technologies, comme des dialogues entre un téléphone et un répondeur, qui soulignent des écarts entre la théorie et la pratique. À cette époque de développements fondamentaux de la philosophie post-moderne et de la recherche dans le domaine de l’intelligence artificielle en Belgique, la post-performance se détourne de la performance traditionnelle et de l’individualisme pour s’orienter vers une approche systémique à quelque distance de l’agentivité du corps de l’artiste.

Tout au long de sa carrière, Roelandt a cherché à déconstruire les notions traditionnelles de l’art. Il pensait que l’art devait refléter les complexités de la vie contemporaine et les problèmes de société plutôt que d’adhérer à une orthodoxie de l’esthétique. L’image du corps et les normes de genre, l’automatisation et la nature bourgeoise du domaine artistique constituent des thèmes phares de sa pratique, ainsi que l’environnement urbain, comme le montre son œuvre clé Pavimenti (1987), une intervention sur la façade de l’édifice qui abrite aujourd’hui le M HKA. Ses œuvres ultérieures mettent l’accent sur le rôle du public dans l’expérience de l’art, suggérant que l’art peut être une expérience partagée et participative plutôt qu’une appréciation solitaire d’un produit fini. Parallèlement, l’évolution de sa pratique le conduit à réaliser des œuvres plus élémentaires, utilisant l’eau, l’air, la lumière et le feu.

La fin est un nouveau départ est la première rétrospective muséale consacrée à Hugo Roelandt et marquera les dix ans de sa disparition. Le M HKA et le CKV (Centre flamand des archives d’art) conservent l’ensemble des archives d’Hugo Roelandt. Celles-ci comportent des œuvres d’art essentielles, toute une série de documents, de notes, d’esquisses, d’informations sur des projets non réalisés, ainsi que sa bibliothèque personnelle qui faisait office de ressource éducative. Artiste réfractaire au marché de l’art et aux normes bourgeoises, Roelandt n’a jamais conçu sa pratique dans une optique d’héritage. C’est à la liberté de son existence et de son œuvre qu’il accordait la plus haute importance. Toujours est-il qu’en détenant des biens culturels d’une telle valeur, le M HKA relève le défi complexe d’examiner la pratique de Roelandt, de la contextualiser en fonction de la place prééminente qu’elle occupe dans l’histoire de l’image et de la performance en Belgique, ainsi que d’attirer l’attention du grand public et de la communauté internationale sur son œuvre. À cet égard, le M HKA  a lancé également cette plateforme en ligne qui servira de ressource publique exhaustive sur la pratique d’Hugo Roelandt.

L’exposition est organisée par le M HKA en collaboration avec Marc Holthof et Lydia Van Loock.

L’œuvre The Shape of Water de Hugo Roelandt sera également présentée à la Fundació Joan Miró en juin 2025, où l’artiste l’avait installée à l’origine en 1986. Cette collaboration entre le M HKA et la Fundació Joan Miró s’inscrit dans le cadre du programme du 50e anniversaire de la Fundació Joan Miró.
 

En mai 2025, le M HKA accueillera en outre une présentation de Sean Peleman, lauréat du prix Hugo Roelandt 2024, dans le cadre du programme INBOX.

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